Malaga Lova

Au commencement j'avais envie de voyager seule. Depuis longtemps. J'en avais marre de Paris où j'ai toujours vécu, je voulais partir le plus longtemps possible, avec le budget le plus riquiqui possible. Mais, en vrac, j'avais un copain, un travail, un train de vie. Dur de voyager seule, encore plus de voyager longtemps.

Et puis début octobre 2015, en moins d'une semaine, mon contrat de travail se termine en m'offrant de belles indemnités de fin de contrat. Je quitte mon copain dans la foulée. Et je me retrouve à devoir quitter « notre » appartement pour retourner chez mes parents. Je me retrouve donc avec du temps (beaucoup), de l'argent (modérément) et une envie à la folie de me casser de ce train-train parisien pour 3 semaines/1 mois.

Mon choix de destination a suivi une certaine logique :

- Mon budget (un peu moins de mille euros TOUT compris) ne me permettait pas de partir loin à l'autre bout du monde : J'ai donc visé l’Europe.

- Je voulais du beau temps : Le sud de l’Europe.

- Je voulais pouvoir aller dans un pays où je pourrais baragouiner quelques mots : L’Italie, l’Espagne ou le Portugal.

- J'ai regardé les billets d'avion pour la semaine qui suivait :

Le moins cher était alors d'aller à Séville, en Espagne.

A l'époque ma connaissance de Séville – et de l'Andalousie en générale- auraient pu se résumer à : Je sais que c'est en Espagne. Mais je sais pas où. Et je ne sais pas ce qu'il y a à voir.

Voilà.

Une semaine avant, ça me laisse donc le temps de potasser un peu ma destination. Je n'ai jamais été une pro de l'organisation, en revanche je suis une vrai flippette alors j'ai tout de suite reservée une auberge de jeunesse dans le centre ville de peur qu'il n'y ait plus aucune chambre de disponible le jour venu.

J'ai quand même posté un sur un forum que je côtoie pas mal un itinéraire prévu donnant quelque chose comme :

Seville (4 jours) – Malaga (2 jours) – Grenade (4 jours) – Cordoba (1 jour) – Madrid (5 jours)– Barcelona (5 jours) – Perpignan (2 jours) – Toulouse (5 jours) – Paris.

Et puis sur le forum une fille m'a envoyé un simple message : Si tu passes par Malaga, on se boit un verre ensemble !». On a un peu discuté par mp, et elle a finis par me proposer carrément de dormir chez elle. OK.

J'ai donc débarqué quelques jours plus tard en Espagne. J'ai découvert d'abord Séville pendant 4 jours, ville dont je suis tombée sous le charme. Le centre historique est très grand et 4 jours était je pense la durée idéale pour visiter en prenant son temps mais sans s'ennuyer. Je suis tombée amoureuse de l'Alcazar et de ses jardins, de l'impressionante cathédral, et des petites ruelles où on se perd si facilement.

J'ai surtout découvert ce qu'impliquait la vie en auberge de jeunesse, en positif (les rencontres et fiesta à tout va) et en négatif (les gens qui rentrent de fiesta alors que tu dors). J'ai découvert l'accent andalous, qui est incontestablement le pire accent au monde. En gros, prenez l’espagnol de base, retirez les consonnes et la fin des mots, parlez vite, vous l'aurez. J'ai découvert la cuisine andalouse, dont le concept consiste à mettre du jambon dans absolument tous les plats. Et le rythme de vie (repas du midi vers 15h, dîner vers 21-22h, fermeture de nombreux magasins, musées et établissements entre 14h et 17h…).

J'ai rencontré ainsi Stella, une italienne installée pour une année à Istanbul, de passage pour revoir des amis rencontrés lors de son Erasmus l'an passé. Javier, un argentin qui a plaqué son emploi dans la finance pour un tour d'Europe. John et Jen', un petit couple d'américain tout juste diplomé qui se sont pris un an pour faire le tour du monde. Arthur, un français en vacances à Seville pour quelques jours. Et puis Aurelio, couch surfer, qui m'aura fait visiter le Séville des Sévillois, le vrai de vrai.

Et puis c'est avec un pincement au cœur que 4 jours plus tard, je me suis rendue à ma deuxième destination : Malaga, où cette fille, Maria, rencontrée sur internet m'attendait.

Malaga et moi, je dirais que ça a été le coup de foudre. Un peu comme dans un coup de foudre, on sait bien que l'autre n'est pas si parfait que ce que l'on croit, on sait qu'il n'est pas si beau ni si sympa. Mais on fait fi des défauts pour apprécier avec passion tout ce que l'on aime.

Je sais que la ville n'est pas si magnifique. Je sais que tout le monde se connaît à peu près et que c'est un peu nul pour préserver son anonymat. Je sais que l'accent andalou est dégueu. Je sais.

Mais je sais aussi qu'il y a la plage, qu'il y a cette ambiance festive internationale, je sais qu'il y a ce beau temps presque permanent, ces températures si douces. Je sais que cette ville est excessivement peu chère.

Je sais aussi que je m'y sens juste bien.

Maria m'a accueilli chez elle et auprès de son groupe d'amis. Je me suis ainsi beaucoup rapproché de Sylvain, un français de 40 ans expatriés ici depuis plus de trois ans. Maria en rigolant m'a dit que le WE prochain elle organiserait une grande fête et que j'étais invitée.

En rigolant j'ai dit que je reviendrais.

Et puis, le dimanche soir, déjà, après même pas 48h sur place, je partais pour passer 5 jours à Grenade...